Chaux, avec Alain Vaucher, et Claire, Erzsi, Cécile, Fabiana, Violaine, Maëlle, Amiel

Chaux blanche éteinte, eau, 129 x 135 cm

Très vite une discussion se fait avec une amie, Erzsi Kukurelli et Alain Vaucher (amitié artamissienne) qui travaille au Vélodrome.
D’abord évidemment l’impératif de ne pas participer à BIG saute aux yeux.
Je déteste que certains trouvent BIG pop grâce à l’effet stonehedge de métal pourri en relief !
Mais si on ne participe pas c’est renoncer à exister sur la place publique. Et de plus La belle Plaine de Plainpalais à Genève !
Alors non ! Faisons-le ! Ce serait vraiment trop bête de ne pas répondre à l’invitation puisqu’avec mes amis on croit à la force du collectif, du politique, bref : pour résumer malgré notre besoin de solitude on est des êtres qui forcément participent au grand tout! Alors allons-y, mais pas n’importe comment.
Mais en fait d’où vient cette idée de ne pas participer ?
Quand on a reçu le projet il consistait en plan du camp de containers, budget et deux trois lignes pour présenter les organisateurs.
Ce qui m’a frappé c’est que cela a été conçu pour remplacer la visite des autres années dans les lieux de travail, visite appelée MAC, et là on crée un contre-sens parce qu’on présente de manière précaire (trois jours et dans des containers) des gens qui travaillent dans des conditions plutôt bonnes et stables toute l’année.
Ensuite on voit vite que le gros budget de plus de 200'000.- semble décollé de la réalité de cet événement qui est de trois jours seulement.
En plus cette somme de 200’00.- fait réfléchir alors qu’elle n’a pas de mesure commune avec les 1500.- en tout et pour tout que les plasticiens de Pictet (plus de 20 artistes) devaient se partager pour réaliser l’expo.
C’est bien connu que le statut des plasticien n’existe pas : Pas de caisse de pension, pas d’assurances sociales ; rien n’est prévu pour eux. Mais bref. Dans ce contexte les 1500.- paraissent encore plus injustes.
Et d’ailleurs d’où ça vient qu’un seul container soit attribué par lieu, alors que certains lieux abritent deux ou trois personnes et d’autres plus de quatre vingt ?
En enquêtant plus en détail il s’est aussi avéré que les organisateurs qui se réunissent une fois par semaine pendant 6 mois se défraient 50.- de l’heure.
Est-ce que les artistes n’ont pas mieux à offrir qu’une expo dans des conditions de fête clinquante, vide de sens ou pleine de contre-sens ?
Et moi là au milieu que faire pour mettre en lien la création de tableaux dans un atelier titop et ce contexte bancal.
Une réponse se fait voir petit à petit : peindre la chose directement, avec des amis. Renforcer l’amitié politique, la mettre en pratique et faire une expérience de résistance. Tenter de trouver une solution pour faire voir la chose telle qu’elle est, à notre manière.
Le défi est que malgré que ce contexte soit inapproprié pour présenter de l’art, on peut y faire quelque chose. J’hésite encore à chaque étape.
Se développe l’idée de peindre avec du blanc pour rappeler des murs, plus solides, mais comme dans une tentative ratée puisque les parois de containers ne sont pas lisses.
Le blanc sera peut être du lait de chaux qui est traditionnellement appliqué pour désinfecter et qui est « total cheap », ce qui fait sens.
La chaux a aussi l’avantage d’être fragile et un peu transparente, parce qu’on ne va pas imposer des formes fortes et stables dans ce contexte, ça serait une illusion.
On ne cache pas le container, au contraire.
Et surtout, surtout, ne pas définir la dimension de la surface de la peinture pour rester LIBRES dans le développement que prend tout ça.
Même si c’est tout petit, on est sûrs, que ça va être beau!